La culture vélo : bienvenue à Malmö, la capitale des cyclistes
Après Saigon et ses millions de motos et scooters, j’ai envie d’une ville où il est possible de se déplacer à vélo. Aller au travail en bicyclette me semble être l’idée du siècle. Par chance, Malmö est idéale pour ça : tout y est fait pour rendre la vie des cyclistes facile. C’est d’ailleurs la ville de Suède la plus adaptée aux cyclistes ! Parce qu’ici, ce sont eux les rois de la route. Le monde entier doit les respecter, où qu’ils se trouvent. La ville leur appartient. Bienvenue à Malmö et ses cyclistes-rois.
J’ai un vélo donc je suis
Le vélo est tellement ancré dans la vie quotidienne des gens à Malmö qu’il est rarissime de rencontrer quelqu’un qui n’en possède pas un. Évidemment, je vous le donne en mille : mon mec fait partie des rares spécimens à ne pas utiliser de deux-roues. Pourquoi ? « Parce que j’ai plus 12 ans et que passés 12 ans, le vélo c’est ridicule. » D’accord Martin, vraiment pertinent.
Bref, moi j’ai un vélo (et 27 ans) comme tous les autres habitants et je suis très contente, car c’est un vrai signe d’adaptation aux coutumes locales. Je mets quatre mois avant d’en acheter un, et les gens me harcèlent limite pendant tout ce temps pour que je m’achète un foutu vélo. Ils ne comprennent pas comment je peux être assez débile pour prendre le bus ou pire encore, utiliser Malmö by bike, l’équivalent du Vélib ici.


Réapprendre le trafic
Mais si je mets autant de temps à acheter un vélo, c’est parce que j’ai besoin de me familiariser avec mon environnement et les règles qui le régissent. Et aussi parce qu’après plus de deux ans à Saigon, mes réflexes vis-à-vis du trafic sont légèrement biaisés. J’ai peur de me faire écraser par un bus et je n’ose plus traverser la route même sur un passage piéton.
Mais une fois arrivée à Malmö, je comprends vite que la hiérarchie est différente. Ici les thugs, ce sont les cyclistes. Les mecs se prennent pour les rois de la route. La première semaine, je ne remarque pas la différence entre le trottoir et la piste cyclable, et je me fais littéralement agresser par un cycliste qui s’excite sur sa sonnette pour me signaler ma présence interdite sur SA piste. La fois d’après, c’est lorsque j’essaie de traverser la piste cyclable que je me fais limite rouler dessus par ces enfoirés.
Nique les piétons et les voitures… et les autres vélos
Une fois que j’achète mon vélo, je comprends pourquoi les cyclistes sont aussi énervés. Il n’y a rien de plus chiant que des piétons marchant pépouzement sur la piste cyclable alors que ces enfoirés ont leur propre trottoir. De la même manière, il n’y a rien de plus chiant que deux cyclistes en train de discuter côte à côte sur la piste. D’accord, il y a assez de place pour trois vélos, mais c’est uniquement pour pouvoir doubler, nom de dieu ! Ces moments-là me rappellent Saigon et tous ces gens qui roulaient côte à côte, créant parfois des files interminables derrière eux…
Mais ce que j’aime particulièrement avec les cyclistes de Malmö, c’est leur irrévérence vis-à-vis des voitures. Les mecs s’en foutent littéralement de débouler sans prévenir devant une bagnole, ils estiment qu’ils ont totale immunité. Et les automobilistes le leur rendent bien : j’ai moi-même failli me faire écraser plusieurs fois, notamment par des taxis, dont le regard du conducteur trahissait la haine profonde pour les deux-roues. J’ai même eu droit à des petits signes d’épaule ou des sourires en coin, genre « Hin hin, bien fait pour toi connasse ». Je leur ai pardonné parce que de toute façon, les vélos restent les rois quoi qu’il arrive.
Le vélo pour tout transporter
L’avantage de vivre dans la ville la plus bike-friendly de Suède, c’est qu’on tolère l’utilisation du vélo pour transporter absolument tout et n’importe quoi. Commençons par un classique : les enfants. Ces derniers ont généralement le droit à un siège à l’arrière ou, s’ils ont de la chance, une carriole à l’avant. J’avoue, à chaque fois que j’en vois une, j’ai envie de monter dedans. Il n’y a rien de plus cool que de se faire trimballer en carriole (enfin j’imagine, mes parents n’en avaient pas quand j’étais gamine… oui j’ai eu une enfance terrible).
Ensuite, il y a toutes les variations des courses, que l’on peut mettre dans son petit panier avant, un truc ultra pratique précisons-le, ou que l’on peut accrocher aux poignées. Sans oublier la petite galerie arrière du vélo, qui personnellement me sert à coincer mon paquet de papier toilette… Les plus ingénieux préfèrent carrément attacher une remorque à leur vélo, de manière à pouvoir transporter vraiment n’importe quoi : des plantes, des meubles, des gens… Les possibilités sont infinies !
Le vélo par tous les temps
Comme vous pouvez l’imaginer, la météo n’est pas toujours idéale pour le vélo en Suède. À Malmö, nous avons notamment un gros problème avec le vent, qui semble souffler dans toutes les directions en permanence. Il rend l’utilisation du vélo au quotidien bien plus pénible qu’elle ne devrait l’être. Mais ça n’empêche personne de l’enfourcher tous les matins pour aller bosser ! C’est un phénomène absolument formidable : même dans les conditions météorologiques les plus horribles, le cycliste suédois ne se démonte pas, et pédale de bon cœur jusqu’à sa destination.
Je me suis moi-même vue cet hiver en pleine tempête de neige me dire : « Ça passe, mes pneus ils accrochent bien… » Ce jour-là, je me suis fait peur plusieurs fois mais j’ai tenu, malgré le vent et la neige qui me fouettaient la tronche, je suis allée au bout de mon trajet, et j’ai traversé la ville pour rejoindre mon coach à Toughest Lab à 5h30 du matin. Parce qu’il y a des habitudes auxquelles il est impossible de déroger, même en plein blizzard !
2 Commentaires
Mort de rire. Tu étais pourtant bien contente sur le siège monté à l’arrière du VTT. ….
Parole de père indigne ?
Mouais, ils oublient ces mômes ingrats !!!! :)