Se faire des amis en Suède : mon chemin de croix
Ça faisait longtemps que j’avais envie de l’écrire cet article mais je n’étais pas sûre d’avoir assez de recul. Me faire des amis en Suède a certainement été la partie la plus délicate de mon adaptation au pays. Ça m’a pesé, tracassée, et déprimée pendant de longs mois.
Et puis, avec le temps, et un peu de volonté aussi, les choses se sont faites et j’ai maintenant quelques copains-copines. Pas trop non plus hein parce que j’aime pas les gens, faut pas abuser.
Un début sans colocs
Je vous préviens tout de suite : dans cet article, il y a des tonnes de comparaisons avec le Vietnam, puisque c’est le seul pays dans lequel j’ai habité avant la Suède, et qu’il constitue donc mon seul point de repère. Me faire des amis au Vietnam a été plutôt facile (même si nombre d’entre eux étaient à durée limitée) et la différence avec la Suède n’en est devenue que plus grande.
Mais revenons donc à nos moutons. Je crois que les premiers mois, j’oublie un peu que le contexte dans lequel j’évolue en Suède est bien différent de celui de Saigon.
À Malmö, je suis dans le pays et la ville de mon copain. Il y a sa famille et encore quelques repères. Moi par contre, je suis dans la même situation qu’au Vietnam : je n’ai personne et je ne connais rien.
L’autre différence, c’est que nous ne nous sommes pas installés ici pour « en profiter » (une expression qui revient souvent dans la bouche des baptous au Vietnam). Premièrement parce qu’on en aura pas vraiment les moyens, et deuxièmement parce qu’on en a pas envie. Martin est ici pour reprendre des études, et moi pour donner à ma carrière l’élan qui lui manque (ahah, c’est bien trouvé ça). Bref, on est pas là pour enfiler des perles.
En plus de ça, nous ne voulons plus être en coloc comme au Vietnam. Nous voulons avoir notre chez nous. Mais à Saigon, mes colocs ont fait partie de mes premiers potes. Ils m’ont fait rencontrer des dizaines de personnes, m’ont emmenée dans des soirées, des restos, des cafés. Qui joue ce rôle à Malmö ? Personne.
Bonjour la communauté francophone
Je réfléchis à tout ça dès mon arrivée évidemment. Ça m’embête. Je sais qu’il va falloir que je trouve un moyen de me faire des potes, sinon je vais vraiment déprimer. J’ai beau ne pas être hyper sociable, j’ai quand même besoin d’avoir des copines avec qui papoter et boire du vin blanc.
Je repense au Vietnam et je percute : les Français ! Il y a forcément une communauté française en Suède ! Je fais quelques recherches sur Facebook et Meetup et je trouve un groupe que je rejoins.
Je participe à mon premier meeting et ça se passe hyper bien. C’est l’été et nous nous retrouvons au bar Far i Hatten à Folkets Park. Je rencontre notamment deux filles avec qui j’accroche, l’une est française, l’autre suédoise. Je suis contente. Il paraît qu’être sociable libère des endorphines. En repartant ce soir-là, je sens les hormones se balader dans mon corps. À moins que ce ne soit le vin ?
Je suis dans tous les cas convaincue que c’est la bonne option et j’en fais trois ou quatre de plus pendant l’été. Malheureusement, ce n’est pas aussi fun. Je noue quand même quelques relations, et c’est agréable d’étendre un peu mon réseau.
Des amis internationaux peut-être ?
L’autre initiative que je prends, c’est de participer à une rencontre Internations Malmö. Internations, c’est une sorte de réseau social pour expatriés. On peut s’inscrire gratuitement sur le site, mais la participation aux évènements est payante.
Comme j’aime bien parler anglais et rencontrer des gens de tous horizons, je m’inscris à l’une des rencontres qui a lieu en juin. Il y a toutes les nationalités. Je discute un peu avec tout le monde mais j’accroche surtout avec un Syrien qui me fait beaucoup rire. Aujourd’hui, nous sommes très potes et je lui ai même ramené du fromage de France (c’est pour dire comme je l’apprécie).
Pour le reste, je trouve la rencontre un peu guindée. Nous portons tous une étiquette avec notre nom et notre nationalité dessus, ce qui rend les choses très formelles. Je discute avec une Française, et nous repartons même ensemble de l’event. Mais je ne la verrai plus jamais après ça.
Par la suite, je participe à un meetup du groupe Malmö Internationals. Mon pote syrien y va aussi, alors je me motive. Mais je suis désagréablement surprise : il y a beaucoup de mecs, et je n’ai pas forcément envie de me faire des amis de sexe masculin (oulala la sexiste).
Je n’accroche avec personne, j’arrive même à m’embrouiller avec un type qui pense pouvoir m’apprendre comment résoudre mes problèmes de dos à la salle de sport. Je lui dis d’aller se faire foutre, et je quitte l’évènement. Une réussite.
La phase de désespoir
À ce moment-là de ma vie en Suède, je suis un peu en dépression. Je me sens seule, mes amis me manquent et je ne sais pas comment faire pour nouer des liens durables ici.
Pendant un moment, j’ai l’impression que c’est à cause du langage. Je compare avec la France et le Vietnam, l’importance du français dans mes amitiés. Mais ici, ça ne s’applique pas. Tout le monde parle anglais et les gens aiment bien ça. Je ne comprends pas vraiment ce qui bloque, et ça me rend malheureuse. Je me dis que c’est parce que les gens ici ont déjà leurs potes. Pourquoi auraient-ils besoin d’en avoir un de plus en ma personne ?
Pour me consoler, je pense au prochain pays dans lequel nous irons vivre. Ce sera Malte, c’est décidé. Le pays fait partie du top 3 des pays où s’expatrier, et il est numéro 2 en ce qui concerne la facilité à se faire des amis. En attendant, je vais me lancer corps et âme dans le sport et le travail. Ce ne sera pas fun mais au moins, ce sera productif…
Prendre les devants
Pendant cette phase de déprime, j’ai l’impression d’être en plein flirt : est-ce que je devrais lui envoyer plus de messages ? Est-ce qu’elle va penser que je suis désespérée ? Sérieusement, je me sens bête, exactement comme quand j’attendais un message d’un mec que je kiffais au lycée.
Mais pour ma défense, c’est difficile de savoir comment réagir, surtout avec les Suédois. Ils sont hyper sympas quand ils rencontrent des inconnus mais c’est une toute autre histoire de percer leur carapace. Ils ne parlent pas d’eux, alors que nous autres Français, n’avons pas vraiment de problème à raconter notre vie aux inconnus.
Vient un moment où ça me gonfle d’être dans l’expectative. Je finis par dire clairement aux gens que hey, je les apprécie et que j’ai envie de les voir. Et hallelujah, ça marche ! C’était aussi simple que ça mais il fallait surmonter la peur de se prendre un vent. Un peu comme en drague. Décidément, la métaphore s’applique. Prendre les devants est donc la solution pour se faire des copains suédois.
Le blog, de bons contacts
Et puis arrive le moment où je lance le blog. Comme j’ai rencontré quelques Français et francophones du coin, je sais que la communauté n’est pas oufissime à Malmö. En tout cas, elle n’est pas comparable à celle de Saigon. Je ne m’attends donc pas à des miracles.
Mais au fur et à mesure des articles et des partages, j’entre en contact avec des gens qui suivent le blog, à Malmö et Stockholm. J’en rencontre, et c’est agréable de faire enfin les choses un peu plus naturellement.
Ce sont des Français installés dans le pays depuis plus ou moins longtemps et du coup, nous avons instantanément des choses en commun. Les discussions sont animées et je me sens enfin dans mon élément. La preuve que, pour rencontrer des gens sur internet, il n’y a pas que Tinder !
17 Commentaires
Des z’amis ?! C’est indispensable dans la vie… Bravo pour cette “recherche d’intégration”…
Bon ben moi j’ai retenu Malte…Y a pas moyen que tu écrives Paris… Grrrrr !
Ce serait mal me connaître que de croire que j’écrirai un jour Paris papa…
Et des amis suédois? En as-tu quelques-uns?
Oui, enfin surtout une :) Pour le reste, j’ai pas mal de connaissances suédoises mais nous ne sommes pas vraiment proches.
http://www.bbc.com/capital/story/20161005-this-might-be-the-loneliest-country-for-expats
C’est triste !
Moi je suis français et je suis à Malmö et c est dur sniff
Super article !
Honnêtement j’ai beaucoup déprime cet hiver. Cela fait un an Que je vie à Stockholm et je n’ai toujours pas d’amis. Je fréquente certaines personnes mais mes amis me manquent… je suis en couple avec un suédois donc il me fait découvrir ses amis mais j’ai pas encore eu de crush avec eux. Pourtant je suis relativement sociale ! Cela me manque les apero spontané à la française , s’inviter chez les uns chez les autres sans raison particuliere, discuter de tout et surtout bien rigoler…. juste à cause de cela je serais prête à quitter le pays… vraiment très difficile. Mais c’est soulageant de voir que je ne suis pas seule à connaître ce sentiment de solitude extrême.
Merci Aurelia !
C’est vrai que la spontanéité à la française n’existe pas ici. Les gens n’aiment pas être dérangés ou faire des trucs à l’improviste ! J’espère en tout cas que tu vas réussir à trouver ta place à Stockholm, et à te faire des potes là-bas. Si c’est pas le cas, tu peux toujours venir à Malmö, tu seras sûre d’avoir au moins une copine ici ;)
Salut Marine, super article et super blog, très drôle et bien écrit ! Je viens de découvrir ton blog et je me retrouve beaucoup dans tout ce que tu écris, que ce soient les vélos, le copain suédois, ou (mon préféré!) ou le top 20 des situations que tu vis quand tu apprends le suédois… ça me rassure et ça fait vraiment du bien de savoir que je ne suis pas seule ! Je me suis arrêtée sur cet article en particulier car j’emménage à Malmö très prochainement, pour y rejoindre mon copain, et c’est vrai qu’une de mes plus grosses angoisses est de ne pas me faire d’amis (enfin, j’entends par là mes PROPRES amis !). Je n’y pensais pas vraiment jusqu’à il y a quelques jours encore, mais à moins d’une semaine de mon arrivée et après t’avoir lue, ca commence à me hanter..!
Bonne continuation pour ton blog, et à bientôt peut-être à Malmö !
Salut Ana ! Merci ! Tout d’abord, je suis désolée que cet article te fasse peur, ce n’est pas le but xD Mais effectivement, mieux vaux être préparée. Après, tu es peut-être plus sociable que moi et tu auras moins de difficultés, qui sait ?! Deuxièmement, sache que tu es cordialement invitée à me contacter quand tu seras à Malmö pour qu’on aille boire un verre ensemble ! :)
Marine si cela te dit, ont pourrait boire un verre un jour?
Pourquoi pas !
bonjour à tous
Je me nomme Roger j’aimerais un jour connaître se magnifique pays qui est la Suède.
Super Article!
J habite vers uddevalla/lysekil et effectivement ce n est pas simple de se faire des amis :(